Vie et oeuvre de Saint Sava, par B. Bojovic
VIE ET ŒUVRE DE SAINT SAVA
Par le Professeur Bosko BOJOVIC
Chargé de Conférences-à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales Personnage éminent, fondateur de l’Église autocéphale serbe et initiateur de l’esprit et traditions serbes. Il est fêté de tout temps et partout le peuple serbe, sous forme d’académies, de discours, et de réunions qui le célèbrent tous les 27 janvier, depuis les plus grandes villes jusqu’aux plus petits villages. Les enfants apprennent à le vénérer et à s’inspirer de sa générosité, et de sa tolérance. Dans les écoles, ils chantent leur reconnaissance au fondateur des écoles serbes et au législateur qui a donné au peuple serbe ses règles de vie. Rastko (devenu Sava) NEMANJIC est le troisième fils de Stefan NEMANJA (règne 1166-1196),
Fondateur de la dynastie dés NÉMANJIC en Serbie. Il naît en 1175 et est nommé par son père, Gouverneur de Houm (Herzegovine), province comptant une région insuffisamment christianisée à l’époque.
Cependant, le père, devenu Siméon, et le fils , songent à fonder un monastère serbe au Mont Athos, le Chilandar. C’est la dernière couronne accordée par la papauté aux rois et empereurs de l’Europe Orientale : la scission est déjà faite entre les deux Églises chrétiennes.
Sava se rend ensuite à Nicée (1219) pour obtenir le titre d’Archevêque de Serbie, puis il revient au Mont Athos et y reste jusqu’en 1220. Le Patriarche de l’autorise à fonder une Église serbe autocéphale. A partir de cette époque, Archevêques serbes seront élus dans le pays et ne seront plus imposés par le Patriarcat de .En 1220, Sava entreprend une œuvre de très grande importance. Il traduit et aménage le Code juridique du Droit romano-byzantin, comprenant les lois de Justinien : le NOMOCANON. Ce vaste ouvrage contient non seulement l’ensemble des lois qui régissent la société, mais aussi les règlements de l’Église, leProchérion. C’est un livre colossal dans lequel la loi classique est adaptée au mode de vie des Slaves. En Serbie, il est désigné comme « Zakonopravilo », et en Russie comme « Kormcaja Knjiga ». L’État de Serbie est dirigé selon cette loi, jusqu’à la réforme constitutionnelle de l’Empereur Stefan-Dusan, avec le « Zakonik », promulgué en 1349 et en 1354. Sava est intronisé au Monastère de Zica où il devient l’Archevêque serbe en 1220. IL créé douze évêchés : deux sur la Côte Adriatique et dix autres dans l’intérieur des terres. Demetrios Chromatianos, archevêque d’Ohrid, entretient des relations privilégiées avec le roi Radoslav, fils aîné du premier roi couronné, Stefan, devenu roi à son tour. Radoslav (1228-1233/4), de mère byzantine, est très proche de la culture grecque, mais l’autonomie de l’Église serbe réussit à se maintenir malgré cela.
De retour de Terre Sainte, Sava se rend à Tarnovo, capitale de la Bulgarie, pour tenter d’aplanir le conflit surgi entre le Patriarcat Œcuménique et la Bulgarie. Il meurt à Tarnovo le 27 janvier 1235. Sinan Pacha trouve cette dévotion très dangereuse pour l’ordre établi dans la région. D installe un bucher et brûle les restes de Saint sur la colline de Vracar de Belgrade (1594). A l’emplacement du bûcher est érigée la très grande église de Saint , aujourd’hui encore inachevée. L’Œuvre de Saint SAVA
Non seulement Sava a été celui qui a traduit et établi le droit canon et la jurisprudence par le Nomocanon (Zakonopravilo), livre impressionnant composé en Slavon, mais il est le fondateur de la littérature serbe. Au Moyen-Âge il était de coutume de citer des anciens. Les moines faisaient un travail de recherche et d’érudition qu’ils ne signaient pas. Ils composaient plus rarement des œuvres originales.
Les Hagiographies (biographies des saints) et des Chroniques locales étaient écrites en concordance avec l’importance d’un État.Saint Sava nous a laissés des textes dans des domaines variés. En dehors des textes législatifs cités, il nous a transmis des Typicons de Chilandar, puis de Studenica (le Typicon ou Charte de la Fondation de Chilandar servant de modèle à celui de Studenica). Il a écrit une vie de son père, le moine Siméon, qui est une œuvre agrémentée d’images poétiques et de récits vivants : un témoin authentique raconte la biographie d’un roi qui lui était très proche. Il nous a laissé aussi, des instructions nominatives et surtout, la codification du droit romano-byzantin, le Droit Canon Ecclésiastique. L’Introduction du Droit matrimonial dans le Droit Canon donne à l’Église le droit de regard sur la conduite entre époux. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque régie par un vague droit coutumier. Le droit romain s’il existait, n’était pas utilisé dans l’Europe féodale. Pour la première fois, grâce à Saint Sava, le Droit Constitutionnel était appliqué en Serbie, qui était un pays bien organisé. L’original byzantin de la version grecque, que Sava a utilisé poux la rédaction de son Nomocanon n’a jamais été trouve Nous ne possédons que l’ouvrage de Saint Sava, une adaptation aux conditions de la Serbie et de l’idée qu’il en avait.
À Byzance, l’Église était plus où mois soumise au pouvoir de l’Empereur. Saint Sava réussit à harmoniser les rapports enter l’Église et l’État et à donner sa place à chacun d’eux. L’Archevêque est dorénavant élu par les évêques et seulement après, nommé par le roi. Le roiMilutin tente un peu plus tard d’imposer son conseiller ecclésiastique à la tête de l’Église. Ce dernier n’est pas choisi des Évêques. Il a fallu qu’il attende qu’il fasse ses preuves sur un plan strictement religieux, pour devenir finalement Archevêque, accepté par ses Pairs comme étant le meilleur, après la mort du roi Milutin (1282-1321).Saint Sava a créé un mode de vie spécifiquement serbe, adaptation entre les deux mondes, celui de l’orient et celui de l’occident. Ce qui correspond à la situation géographique de la Serbie. En écrivant la biographie de son père, Stefan Nemanja (Saint Siméon), Saint Sava a usé du droit donné à chaque fondateur de l’Église d’écrire une hagiographie même si la personne choisie n’est pas un saint. Une deuxième biographie, écrite par son deuxième fils Stefan Prvovencani, avant 1217, moins personnelle et plus historique englobe dans la vie de Saint Siméon, la période d’avant son monachisme. En décrivant l’atmosphère dans le jupanat, cette deuxième biographie fournit beaucoup de renseignements sur l’œuvre politique et monastique de Stefan Nemanja-Saint Siméon. Ce genre « historique » évolue par la suite vers deux styles différents : Fausses données historiques propagées actuellement On raconte, probablement avec une mauvaise intention, que Saint Sava était nationaliste. C’est absolument faux. Il n’était pas non plus œcuménique avant la lettre, mais son enseignement et son œuvre sont empreints de tolérance et d’enseignement évangélique. Son « Zakonopravilo » (Nomokation); synthèse du Droit byzantin et latin en est une preuve flagrante. Tiré-à-part d’une conférence tenue dans le cadre de « l’Association Tradition et Culture Franco-Serbe ».
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